Bénin/Interdiction de réunions à l’opposition : Pourquoi Talon doit joindre l’acte à la parole ?

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A mesure que l’on s’approche de 2026, année électorale, la tension ne cesse de monter surtout avec l’interdiction répétée de réunions aux partis de l’opposition et plus particulièrement au parti Les Démocrates qui est un challenger sérieux des clubs électoraux autour de Patrice Talon. En effet, ces dernières semaines, plusieurs réunions du parti Les Démocrates ont été interdites sur toute l’étendue du territoire pendant que les partis inféodés au régime de la rupture ont la latitude d’organiser leurs rencontres où ils veulent et à l’heure voulue. Même les réunions délocalisées dans les résidences privées ont été interdites et dispersées par la police républicaine. Du coup, on constate aujourd’hui deux types de béninois. Ceux qui ont droit et ceux qui n’ont aucun droit. La politique du deux poids deux mesures bat son plein au détriment des lois que la rupture elle-même s’est données. La charte des partis politiques, le statut de l’opposition sont mis entre parenthèses et sans motif, la police investit les lieux des rencontres pour empêcher que les réunions se tiennent. A cette allure, on est en droit de se demander si nous sommes vraiment en démocratie au Bénin comme les rupturiens se plaisent à le chanter à qui veut les entendre ?

Que devient la promesse de Patrice Talon ?

Face à l’acharnement dont le parti Les Démocrates fait l’objet lors de ses manifestations, ses responsables au plus haut niveau s’en sont plaints au chef de l’Etat, le président Patrice. Ce dernier a promis à ses hôtes que de telles décisions ne vont plus se répéter si le parti rempli les formalités administratives nécessaires. Mais erreur ! Ces dernières semaines, une dizaine de rassemblements du parti ont été interdits même en résidences privées par des préfets godillots, des maires prétentieux et des commissaires de polices zélés. Pendant ce temps, le libre cours est laissé aux partis Upr et Br qui organisent des meetings même dans l’enceinte des écoles. Mieux, des fafelus appelant Patrice Talon à un troisième mandat en violation de la Constitution organisent non seulement des rassemblements, mais disposent des antennes des radio et télévision publiques. Et tout ceci avec le silence complice du gouvernement et de son chef. Pour un observateur averti, une idée se cache derrière ce refus mécanique des maires qui agissent comme des robots. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que ces maires qui ne réfléchissent par les autres agissent sur instructions. Mais de qui tiennent-ils ces instructions et à quelles fins ?

Empêcher l’opposition de gagner du terrain

L’idée qui se cache derrière cette machination prend sa source de la peur de perdre le pouvoir. Pour cela, il faut à tout prix empêcher l’opposition d’aller au contact de ses militants dont le nombre ne cesse de grossir face au mépris dont le peuple fait l’objet depuis 2016. La misère ambiante dans le pays, les libertés confisquées par le pouvoir de la rupture militent en faveur de l’opposition, et surtout le parti Les Démocrates de plus en plus proche des populations. Sur le terrain, ces maires qui ne représentent que l’ombre d’eux-mêmes font tout pour montrer à Patrice Talon leur loyauté au point d’interdire des réunions en résidences privées.

Malheureusement, ces interdictions renforcent l’opposition dans sa rhétorique. « La rupture foule aux pieds les acquis de la Conférence des forces vives de la nation de février 1990. Les libertés individuelles sont bafouées, la presse est bâillonnée… » Bref, par leur agissement, les rupturiens travaillent sans le vouloir pour l’opposition qui, aux yeux des Béninois, est victime du deux poids deux mesures du régime.

Nécessité de préserver la paix

Ces interdictions de manifester sont aujourd’hui respectées par l’opposition qui se veut respectueuse des textes. Mais ce respect ne saurait encore durer face à l’échéance de 2026 qui nécessite sa présence sur le terrain pour la remobilisation de ses militants. Si Patrice Talon ne discipline pas ses préfets, maires et commissaires de polices zélés, le risque d’affrontement n’est pas loin, car il arrivera que, poussées à bout, les populations refusent d’obtempérer aux injonctions des maires pour rejoindre Ignazio Silone qui écrivait : « on ne va pas mendier sa liberté aux autres. La liberté, il faut la prendre ». Et la conséquence immédiate d’une telle action sera sans nul doute l’affrontement entre populations à mains nues et la police voire l’armée. Alors ce serait : « ce que je n’ai jamais vu, il faut faire je vais voir. Il y a longtemps tu me poursuis, je suis prêt à mourir ».

Pour donc éviter de nouveaux bains de sang au Bénin, le président Patrice Talon qui entend être porté en triomphe par les Béninois au soir de son second et dernier mandat constitutionnel, doit taper du poing sur la table (si tant est qu’il n’est pas commanditaire des interdictions) et discipliner ses zélés de maires et de policiers qui menacent la paix et le vivre ensemble. Si non, c’est lui qui portera ce lourd passif jusqu’à la tombe.

 

Abdoul Dramane   

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