Edito de Fortuné ASSOGBA : Et les morts de Cadjèhoun, Bantè, Savè, Tchaourou, … ?  

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Ce samedi 15 février, les Béninois ont été surpris par une messe d’actions de grâce pour les 35 ans de la Conférence nationale de 1990. L’initiateur de cette messe, le parti l’Upr de Joseph Djogbenou. Le club s’est mobilisé pour se rendre à l’église Notre Dame de Cotonou à cet effet. En temps normal, rien à signaler. Mais malheureusement aujourd’hui, Djogbenou a été le bras opérationnel que Patrice Talon a utilisé pour mettre en péril les acquis de la Conférence nationale de février 1990. Joseph Djogbenou est l’inventeur de ce fameux « certificat de conformité » lors des élections législatives de 2019. Lesquelles élections ont endeuillé pour la première fois la démocratie béninoise. Elections ouvertes aux seuls partisans de Patrice Talon, tirs à balles réelles sur les populations avec plusieurs morts, de nombreux manifestants jetés en prison dont certains sont torturés jusqu’à la mort et j’en passe.

Par ailleurs, Joseph Djogbénou a été à l’initiative de nombreuses lois liberticides en tant que garde des Sceaux lors de son passage au ministère de la Justice et le tout couronné par ses 4 années à la Cour constitutionnelle. Oui, 4 années au cours desquelles, des centaines de lois dont la révision en catimini de la loi fondamentale ont été validées à l’aveuglette et tout ceci au détriment de la liberté d’expression et la justice, des piliers fondamentaux de la démocratie.

Que Djogbénou célèbre les 35 ans de la Conférence nationale, nous n’avons rien contre. Seulement, moi je suis tenté de lui demander de dire aux Béninois, ce qui reste des fondamentaux de cette Conférence depuis 2016 ? Que Djogbénou nous dise, si le Bénin d’aujourd’hui est vraiment celui qu’il vendait aux béninois en passant de média en média entre 2012 et 2016 ? Le Bénin d’aujourd’hui est-il comparable à celui des mercredis rouges ? Qu’il dise aux Béninois que l’Ortb peut se permettre de tendre le micro aux opposants comme lui en avait bénéficié et ceci toutes les semaines, pour disait-il, défendre un état de droit.

En matière des droits de l’homme, que Djogbénou nous parle des différents rapports des organismes internationaux qui ont épinglé le Bénin depuis 2016. Les Béninois voudraient bien l’entendre parler du respect des décisions de justice sous la rupture. Que dire des détenus politiques et des milliers d’exilés ?

Ce n’est donc pas d’une messe nous avons besoin, mais d’un bilan sur les acquis de cette Conférence historique. Djogbénou sait mieux que quiconque la démarche à mener pour célébrer les 35 ans de ce grand rendez-vous qui a ouvert une nouvelle ère pour le Bénin.

Comme il savait le faire, un grand oral pour un bilan approfondi avec un accent particulier sur les 10 dernières années est attendu de lui. Une grande marche pour la consolidation des acquis de la Conférence nationale ne serait pas non plus superflue avec des polos, baskets et casquettes rouges. Mais hélas !

En toute honnêteté, Joseph Djogbénou sait bien qu’il est comptable de la vassalisation des institutions de la République, de la déliquescence de l’état de droit au Bénin, blâmable des tueries de Cadjèhoun, Bantè, Savè et Tchaourou.

Au lieu d’organiser une messe pour le 35ème anniversaire de la Conférence nationale, l’ancien président de la Cour constitutionnelle, potentiel dauphin de Patrice Talon ferait œuvre utile en demandant des messes pour le repos de ces âmes innocentes froidement abattues et enlevées à l’affection de leurs familles.

Fortuné ASSOGBA

 

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