Je refuse de croire mes yeux ce que je lis sur les réseaux sociaux et attribué à Me Adrien Houngbédji. En effet, depuis ce dimanche 02 février 2025, circulent sur la toile des extraits des propos tenus par le patriarche. Ces déclarations ont été faites lors d’une cérémonie de présentation de vœux du nouvel an entre lui et ses partisans. L’ancien président du Parti du renouveau démocratique (Prd), qui avait son ancrage dans la partie sud-est du Bénin a parlé, dit-il sans langue de bois. L’avocat qui jusque-là apporte soutien indéfectible au chef de l’Etat, le président Patrice Talon dit n’avoir jamais oublier les idéaux de son parti qui faut-il le rappeler, s’est fondu dans l’Union progressiste, l’un des deux partis siamois du chantre de la rupture. L’ancien prétendant au fauteuil présidentiel a eu la langue déliée. Il a abordé des sujets que l’on peut appeler « des sujets tabous » pour les soutiens de Patrice Talon. Il rejoint désormais l’opposition, la société civile et le Clergé sur la question de la libération des détenus politiques, le retour des exilés, et réclame une assise nationale.
Face à ses partisans, l’homme de 83 ans aux cheveux désormais grisonnants semble avoir retrouvé la lucidité après s’être laissé manipuler par Patrice Talon pour démolir la démocratie et l’état de droit au Bénin, au nom d’un soi-disant développement symbolisé par quelques statues, marchés et quelques kilomètres de bitumes.
J’ai du mal à écouter Adrien Houngbédji dénoncer les lois crisogènes, l’exclusion…. Maître Adrien Houngbédji affirme avec vigueur aujourd’hui, sa conviction et son rêve pour un Bénin démocratique. Or pendant près de 9 ans, il a cautionné la démolition de l’édifice démocratique béninois.
Je me rappelle encore ce discours qu’il avait prononcé pour plaire à Patrice Talon, peignant en noir le régime de Boni Yayi, parlant d’un Bénin saccagé et descendu de son piédestal. Alors qu’il n’avait ni prisonnier politique ni d’opinion encore moins d’exilés.
C’est tout de même heureux qu’il retrouve enfin sa lucidité. C’est heureux que sa langue se délie à nouveau pour dénoncer les frasques de la rupture. C’est bien heureux qu’il reconnaisse qu’il y a aujourd’hui des détenus politiques et des exilés du faite de l’exclusion. Cependant, je veux me faire le devoir de rappeler à Adrien Houngbédji qu’il avait pourtant été prévenu. En son temps, le jeune député, que dis-je son fils Guy Dossou Mitokpè, malgré son très jeune âge, avait tiré la sonnette d’alarme. Mais comme le dit un adage nagot « un chien qui va se perdre n’entend jamais le sifflet de son maître », le président du Parlement d’alors avait fait la sourde oreille usant de son droit d’aînesse et des pouvoirs que lui conféraient le perchoir pour rabrouer le jeune homme lui interdisant de poursuivre sa déclaration à la tribune de l’hémicycle. Qu’il vous souvienne, nous étions aux premières heures des dérives du pouvoir de la rupture. L’histoire est têtue.
A moins de 15 mois de la fin du mandat de Patrice Talon, Me Adrien Houngbédji fait son bilan et se rend compte tristement de ses égarements. Il se rend enfin compte que les Béninois ne se parlent plus entre eux, que la liste des otages politiques et celle des exilés deviennent de plus en plus longues. Il appelle à la libération des détenus politiques, au retour de tous les exilés et un dialogue national. Soit !
Loin de le vouer aux gémonies, nous allons l’inviter à peser de son poids, dans la balance de la rupture et qu’il joue sa partition pour sauver ce qui peut l’être encore afin d’éviter au Bénin une nouvelle crise électorale qui endeuille des familles et fait des d’orphelins, des prisonniers politiques et de nouveaux exilés.
Fortuné ASSOGBA