Le Bénin vit les pires moments de la gouvernance démocratique. Depuis l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990, la jeune démocratie béninoise n’a jamais été aussi flouée. Les princes aux pouvoirs depuis 2016 ont eu le temps de montrer aux béninois le contraire de ce qui avait été le leitmotiv de leur combat: la démocratie et les bonnes pratiques démocratiques. La démocratie, ce mot est malheureusement vidé de son contenu depuis 2016. Mais avant 2016, sous le règne du président Boni Yayi, ils étaient les bons citoyens, les vrais démocrates qui enseignaient à qui veulent les entendre à travers les médias, les pratiques démocratiques. Tous les noms d’oiseaux sont utilisés pour traiter le régime du pauvre Boni Yayi, installant dans la tête des béninois les plus faibles qu’ils feraient mieux. « La liberté permet l’éclosion et l’épanouissement de chacun en ce qui le caractérise. Mais la liberté ne peut exister sans la démocratie. Et la démocratie ne peut survivre sans la compétition politique ». Ces phrases vous connaissez sans doute son auteur. J’ai bien envie de demander au président Patrice Talon de nous dire quel est l’état de la démocratie, de la liberté et de la compétition politique au Bénin aujourd’hui sous son autorité ? Je voudrais que l’on fasse une étude comparée des dix ans de Boni Yayi et le règne de Patrice Talon sans parti pris. Le plus idiot des béninois vous dira que depuis 2016, le Bénin a quitté la voie de la démocratie. On en veut pour preuve l’autre déclaration du président béninois devant le patronat français le Medef. Patrice Talon dit qu’il n’est pas prêt à faire la démocratie à la française. Cette démocratie, cette liberté qu’il qualifie d’anarchie. Jetant ainsi dans l’océan ses paroles mielleuses avec lesquelles il a endormi les béninois en 2016. Nombre de ses partisans se retrouvent dans cette odeur de puanteur au vu de leur pseudo combat pour la démocratie dans un passé très récent. Que reste-il aujourd’hui des démonstrations du brillantissime avocat Joseph Djogbénou? « Vous avez aujourd’hui un pouvoir sur moi, ce pouvoir, c’est le pouvoir de l’instant. Faites-en ce que vous voulez parce que demain vous ne savez pas. Mais moi je voudrais ajouter: faites-en ce que vous voulez aujourd’hui mais dans l’humilité, parce que demain vous ne savez pas». Ces paroles de Me Djogbénou sonnent-elles encore dans sa tête? S’en souvient-il vraiment? Ont-elles encore un sens ou du moins le même sens pour lui aujourd’hui?
Que dire de Orden Alladatin, ce comédien de Centre Afrca Obota champion par le passé des dénominations des dérives des régimes précédents? Alors même que pendant qu’ils claironnaient que la démocratie était en péril, le Bénin faisait office d’un pays d’origine sûr. Pas de détenus politiques. Pas d’exilés politiques. Aujourd’hui ils sont tous partisans de l’obscurantisme, de la ruse et de la rage. La définition du mot démocratie n’a plus la même définition dans leur dictionnaire. Les pratiques démocratiques n’ont plus la même signification que ce qu’ils défendaient il y a moins de dix ans. Les mercredis rouge dénonçaient quoi et nous assistons à quoi sous la rupture? Les libertés individuelles, les compétitions électorales, voire la vie humaine sont bafouées et ils en tirent honteusement une fierté sans nulle pareille. On se permet même de franchir les frontières du Bénin pour aller mener des opérations commandos pour enlever en territoire étranger un citoyen au mépris des règles et conventions internationales.
La rupture, c’est bien cela. C’est no limit!
Fortuné Assogba