La campagne pour les élections législatives anticipées aborde les derniers jours avant le scrutin. Les candidats se battent dans la mesure du possible pour faire passer leur programme. La candidate de la 10 ème circonscription des français basés à l’étranger, Odile-Mojon Cheminade dévoile ici son programme. Elle est de la liste Solidarité et Progrès.
Je suis candidate aux élections législatives en France dans la 10ème circonscription des Français établis hors de France, une circonscription qui englobe 49 pays (Moyen-Orient et les deux tiers de l’Afrique), dont le Bénin. Avec Sébastien Périmony, qui se présente dans la 9ème circonscription (Afrique de l’Ouest et Maghreb), et Jacques Cheminade, dans la 11ème (Russie, toute l’Asie, l’Asie centrale, l’Inde, jusqu’à l’Australie), nous sommes en mesure de nous adresser, au travers d’une diaspora française souvent très intégrée dans ses divers pays d’accueil, à la majorité planétaire, voire aux trois quarts du monde.
Bien que nos trois campagnes abordent les difficultés que rencontrent nos compatriotes dans leurs pays d’accueil, des difficultés spécifiques à ceux-ci, elles sont en réalité une seule et même campagne. Et ce que nous voulons y dire, haut et fort, c’est que le monde est dans une situation d’extrême danger. Pourquoi ?
Comme des somnambules en marche vers la guerre
En tout premier lieu, il y a la guerre de l’OTAN contre la Russie et le risque très réel d’un dérapage vers une conflagration nucléaire. Puis il y a la guerre à Gaza qui, par bien des aspects, est à comprendre comme le pendant de la guerre en Ukraine car elle peut amener par étape successive d’autres puissances de la région, dont l’Iran, dans une guerre que ces pays ne veulent pas mais qu’il seraient obligés de combattre avec, là aussi, le risque d’un dérapage vers l’utilisation d’armes nucléaires. Et n’oublions jamais que, derrière la Russie et l’Iran se trouve la Chine, qualifiée de rivale déloyale en attendant d’être officiellement désignée comme ennemie.
Résumé aussi abruptement, on serait tenté de dire « Mais c’est absurde ! Qui peut avoir intérêt à cette folie » ? Ni vous, ni moi, cela va sans dire. Mais, pour un système financier prédateur aux abois, basé sur des millions de milliards d’actifs véreux ou toxiques, découplés de toute base productive, c’est une question de vie ou de mort. Dans ce type de situation, le système se tournera nécessairement vers le pillage pour assurer sa survie, ce qui ne peut se faire que par des moyens coercitifs, par exemple la guerre.
En 2022, lors du salon annuel d’Eurosatory (le salon mondial de la défense et de la sécurité), Emmanuel macron avait expliqué que la France devait se préparer à entrer dans une économie de guerre et pratiquement personne n’avait relevé l’énormité de cette affirmation. Elle signifie pourtant très concrètement qu’une part croissante de notre budget doit financer des dépenses militaires. Cela ne se limite nullement à la France puisqu’en réalité, les Etats-Unis et l’OTAN font pression sur l’ensemble des pays européens pour qu’ils endossent le coût de la guerre en Ukraine. De leur côté, les Etats-Unis, obsédée par la peur d’être militairement et économiquement dépassés par la Russie et la Chine, fonctionnent déjà sur la base d’une économie de guerre qui siphonne les investissements, pendant que la population américaine subit un phénomène de paupérisation, tout comme la France, même si elle ne touche pour le moment qu’une partie de la population.
Or, l’économie de guerre se caractérise par le simple fait qu’une fois les armes produites, il faut s’attendre à ce qu’elles servent…
Main dans la main avec le Sud planétaire
Face à cela, il y a les BRICS, devenus depuis août 2023 les BRICS+, avec quatre pays de ma circonscription (sur les cinq nouveaux membres des BRICS) qui l’ont rejoint en août dernier : l’Egypte, l’Ethiopie, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Je souligne au passage le côté ironique que l’Egypte et l’Ethiopie, qui connaissent des tensions assez fortes sur la question du barrage de la Renaissance, soient entrées en même temps dans les BRICS+. Cela illustre bien la confiance qu’ont les acteurs des BRICS+ dans une dynamique et une structure qu’ils considèrent suffisamment forte pour résoudre des problèmes qui, autrement, pourraient dégénérer en conflits destructeurs.
C’est là où nous en sommes aujourd’hui et c’est dans ce contexte que je présente ma candidature. Je l’ai intitulée « Main dans la main avec le Sud planétaire » dans l’objectif d’amener mes concitoyens à voir les choses par le haut, par le positif. C’est aussi le moyen de leur rappeler, très concrètement, que nous avons une dette envers les générations futures et que nous nous devons de l’honorer, pour la pérennité même de la société.
Est-il besoin de rappeler qu’une coopération intelligente, bien conçue, ne faisant pas l’impasse sur les questions de fond est par nature gagnante/gagnante, même si elle est peut se heurter à des difficultés pour se mettre en place ?
Pour la France, surtout en l’état de confusion et de division qui règne actuellement, cela ne se limite pas à relever un défi, mais à se montrer capable d’opérer une révolution copernicienne qui obligera à repenser notre relation au monde. C’est le seul moyen, avec l’abandon du franc CFA, de tourner la page de la Françafrique, de rebâtir des relations sur des bases nouvelles et de contrer l’animosité qui s’est développée en Afrique contre la France. Il y a urgence pour tout le monde, pour l’Afrique, pour la France comme pour le monde, sachant qu’un temps précieux a déjà été perdu.
Dans mon programme, j’ai mis l’accent sur deux projets phare : le plan Oasis pour le Moyen-Orient, et le projet Sula Ya amani pour la région des Grands Lacs, tout en étant bien consciente qu’il y en a bien d’autres tant les besoins en développement de l’Afrique sont gigantesques.
Le plan Oasis, part de la nécessité impérieuse de répondre aux besoins en eau d’une région qui est accablée par la sécheresse et la pénurie d’eau. Il part du constat que ce qui permettrait d’obliger les ennemis d’hier et d’aujourd’hui à s’asseoir ensemble autour d’une table de négociation est l’eau. Si on ne se met pas au travail, il est inévitable que les pays qui font de l’eau une arme politique continueront non seulement à la faire mais s’arrangeront pour acculer leurs adversaires ou ennemis.
Des plans très détaillés ont déjà été réalisés, qui prennent en compte tous les aspects de l’accès à l’eau, de son partage et de sa production (notamment par le dessalement de l’eau de mer). Encore faut-il trouver la volonté politiques pour le mettre en place.
L’autre projet, le Sula Ya Amani, est un projet conçu par des Congolais. Il propose de relier le Nil, le Congo et le Zambèze dans le but d’accroître significativement la capacité de production d’électricité tout en répondant aux besoins en matière de transports de pondéreux et en travaillant sur la navigabilité des voies d’eau. Pour le moment, il en est dans sa première phase mais il devrait recevoir un soutien pour avancer rapidement vers sa réalisation.
Dans les deux cas, le plan Oasis et Sula Ya Amani, et bien que la situation des deux régions soient très différentes, il faut susciter un intérêt et un soutien politique impliquant un nombre suffisants d’acteurs pour aboutir à la réalisation de de ces projets. C’est tout le sens de mon appel à travailler « Main dans la main avec le Sud planétaire », sachant que les Français de la diaspora auraient un rôle privilégié à jouer dans cette « nouvelle donne ».
Si ma voix est entendue par les électeurs, ce sera un signe que ce changement est possible.