Candidat dans la 9 ème circonscription des français de l’étranger,Sébastien Périmony vit en île de France. Né le 4 janvier 1978 dans la Somme, il est un analyste programmeur de formation. Depuis 2003, il est engagé en politique avec le parti Solidarité et Progrès. Il travaille également aux côtés de l’Institut Schiller avec lequel il a co-publié un rapport sur les nouvelles routes de la soie et l’Afrique. Dans une interview accordée à nos confrères de Clohe média monde, Sébastien parle de l’Afrique et de son projet pour faire changer la donne.
Question :Monsieur Sébastien Perimony, bonjour
Sébastien Perimony :Bonjour Monsieur le journaliste.
Question :Quel message voulez-vous véhiculer par « Voir l’Afrique avec les yeux du futur » ?
Sébastien Périmony :C’est d’abord le titre d’un livre que j’ai publié il y a quelques années et qui avait pour but de voir à quoi ressemblerait l’Afrique si elle avait connu un chemin de développement « normal », comme on peut le voir avec le cas de la Chine. Inutile de rappeler les volontés de Cheikh Anta Diop qui, dans Alerte sous les tropiques, rêvait déjà d’une Afrique industrialisée, maîtrisant la science de l’atome, les technologies spatiales, une éducation décolonisée, etc. Mais le néocolonialisme en a voulu autrement !Mon objectif est donc de remettre de l’avant les grands hommes du continent africain qui se sont battus pour développer leur pays, et de proposer aux Français de l’étranger de participer à ce nouveau paradigme de développement mutuel autour d’une politique de grands projets infrastructurels. Le temps des colonies est terminé. Il est donc temps de voir l’Afrique avec les yeux du futur.
Question: Que reprochez-vous à la politique actuelle de la France envers l’Afrique ?
Sébastien Périmony: A peu près TOUT ! Les accords de coopération militaires post-indépendance, la curatelle monétaire imposée par le franc CFA, la politique d’aide au développement qui n’a servi qu’à enrichir des marionnettes et piller les ressources des pays. Selon un rapport de l’ONU sur l’indice de développement humain, 11 des 16 pays de la 9ème circonscription des Français de l’étranger sont classés parmi… les 30 nations les plus pauvres au monde ! La plupart des gens n’ont accès ni à l’eau, ni à l’électricité, n’ont pas de système de santé moderne ni d’éducation suffisante. Si l’on prend le cas du Niger, qui nous a fourni de l’uranium, 80 % de la population vit en milieu rural, avec un taux d’accès à l’électricité quasi nul – et n’atteignant même pas 13 % au niveau national ! Certains dirigeants africains ont plus d’argent sur leur compte en Suisse que le pays n’en dépense pour l’éducation et la santé. Sans oublier l’arrogance de nos élites, et bien sûr je ne parle pas ici des Français, mais des élites, comme Nicolas Sarkozy, dont le discours de Dakar restera à jamais marqué du sceau de l’infamie néocolonialiste. Sans parler non plus de François Hollande ou d’Emmanuel Macron, tous deux malthusiens et déclarant ouvertement qu’il y a trop d’Africains sur cette planète.
Question : •L’Afrique regorge, de nos jours, de dirigeants soutenus par la France, qui méprisent l’intérêt général et tripatouillent les constitutions de leur pays pour s’éterniser au pouvoir. Que ferez-vous en rempart contre cette situation ?
Sébastien Périmony :D’abord, je ne leur donnerai ni mon soutien ni mon feu vert ! La politique à géométrie variable est aujourd’hui affichée au grand jour avec, d’un côté, les méchants « putschistes » de l’Alliance des États du Sahel,(AES) et de l’autre, les dirigeants « acceptables », comme au Tchad, par exemple, ou en Côte d’Ivoire, qui peuvent s’asseoir sur leur constitution pendant que l’Elysée regarde ailleurs. Nous donnons des leçons de démocratie et de bonnes mœurs à tout le monde, tout en organisant depuis 60 ans des coups d’Etat et des assassinats en Afrique, à chaque fois qu’un dirigeant veut changer les choses. Je pense ici tout particulièrement à Thomas Sankara du Burkina Faso et à Modibo Keïta du Mali. Il faut le dire haut et fort, il faut que les Français le sachent et en tant que député, j’en ferai une affaire personnelle. Je me réjouis des révolutions populaires qui ont eu lieu récemment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dont les dirigeants ont montré la voie pour mettre fin à la Françafrique. C’est une bonne leçon pour nos élites.
Question : •Dites-nous ce que représentent pour vous, pour la France, l’Algérie en particulier et le Maghreb en général. Nombreux sont les Africains en quête de pain ou de la paix qui bravent l’Atlantique à leurs risques et périls. Avez-vous un remède durable pour éradiquer ce fléau ?
Sébastien Périmony :Oui, il existe des solutions, et je me bats depuis 20 ans pour les mettre en place, aux côtés de Jacques Cheminade, le président de Solidarité & Progrès, qui s’est présenté trois fois aux élections présidentielles. Comme je le dis dans ma déclaration de candidature, il faut développer de grands projets infrastructurels, comme le projet Transaqua pour revitaliser le lac Tchad. Il y a plus de 3 millions de déplacés dans la région du lac, du fait de sa disparition programmée si rien n’est fait. Il s’agit de construire un grand canal partant du bassin du Congo pour remonter vers le lac, en implantant le long du chemin des barrages hydroélectriques et des zones agro-industrielles, permettant ainsi de développer tout le cœur de l’Afrique centrale. Je propose également le projet Faguibine, qui a pour but de faire du Mali le grenier alimentaire de l’Afrique de l’Ouest, et donc d’en faire une future puissance agricole. Bien que de nombreuses études aient été faites sur ce projet, il n’a jamais été réalisé. L’ambition était d’irriguer jusqu’à 950 000 hectares de terres pour la production agricole. La Libye avait remis ce projet à l’ordre du jour en 2008 (Malibya) mais nous connaissons la suite de l’histoire : son Président fut assassiné par les forces de l’OTAN.Je propose également le projet AFRICARAIL +. Cette boucle ferroviaire en Afrique de l’Ouest sera la priorité de mon mandat, après toutes ces années perdues. A l’origine, ce projet devait connecter la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. Elle doit également relier Nouakchott, Dakar, Banjul, Bissau, Conakry, Freetown et Monrovia. A terme, un projet de chemin de fer transsaharien pour connecter Rabat, Alger et Tunis pourra être étudié. Il est temps de relier toutes les capitales de l’Afrique de l’Ouest par des trains à grande vitesse et d’en finir avec les trains qui, comme en Côte d’Ivoire, roulent moins vite que les trottinettes à Paris !Enfin, j’ai une affinité toute particulière pour l’Algérie, que j’ai eu la chance de visiter naguère d’Alger à Constantine, et de Biskra à Ghardaïa en passant par El Oued. S’y sont joués ces dernières années de grands enjeux pour le peuple. Pour cette région, je propose de lancer, en partenariat avec la Tunisie, une grande révolution bleue en aménageant les chotts, projet sur lequel travaillent déjà certains amis ingénieurs.Avec la mise en place de cette politique de grands projets, nous pourrons mettre fin à l’émigration massive causée par les politiques néocolonialistes et les guerres de l’OTAN.
Question : •Enfin, avec Sébastien Périmony député à l’Assemblée nationale française, qu’est-ce qui changera de la politique française en général ?
Sébastien Périmony :TOUT, j’espère ! Je sais que les citoyens sont lassés des belles paroles, pour aussi « disruptives » qu’elles puissent se revendiquer, et qu’ils cherchent de plus en plus à comprendre le monde dans lequel nous vivons. J’ai pour habitude de ne pas prendre les gens pour des idiots et de ne pas leur promettre de régler tous leurs problèmes, alors que nous sommes dans une période tragique de l’histoire. Nous sommes face à un danger de crise financière sans précédent, qui engendre une dynamique hyper-inflationniste et un danger de guerre entre l’OTAN et la Russie. Si je me présente, c’est pour faire face au défi de notre époque et agir sur les causes, non pour favoriser les intérêts de mes amis ou de mon parti, ni donner aux citoyens l’impression que je vais les protéger personnellement et à court-terme. Je pense que si l’on change la France, on peut changer le monde.L’heure est à la recomposition politique. On le voit bien, avec la disparition en cours ou programmée des grands partis politiques. Au final, en se battant uniquement pour garder leur place au chaud, soit ils l’ont déjà perdue, soit ils sont en train de la perdre. L’heure est venue de renouveler la classe politique, par l’engagement de citoyens se mettant au service de l’intérêt général et des générations futures, et non plus d’un parti ou d’une idéologie. Plus de promesses mais des actes, moins de communication et plus de dialogue, moins de compétition et plus de coopération ! En un mot : de la vraie politique, celle qui est censée améliorer la vie des gens. C’est mon pari, mon engagement en général, et en particulier pour les Français de l’étranger. Oui, je mobiliserai toutes mes ressources en tant que député pour contribuer à construire un avenir partagé, où chacun retrouvera l’estime de soi dans le progrès et la solidarité. A ceux qui me diraient que c’est utopique, je leur dis simplement qu’il n’y pas d’autre choix