On ne le dira jamais assez. Les partisans de Patrice Talon vendent du vent aux béninois au cours de leur balade appelée tournée gouvernementale de reddition de compte. À travers leurs différents discours, on constate aisément qu’ils sont déconnectés du Bénin dans lequel vivent les 11 millions d’âmes. Ils parlent d’un Bénin qui prospère pendant que des béninois meurent de faim, pendant que dans les hôpitaux et centres de santé des béninois meurent faute de moyens pour faire face aux soins, pendant que chaque jour le régime fait des chômeurs et des sans emploi du fait des licenciements abusifs.
En effet à Houéyogbé le 7 juin dernier, la délégation rupturienne entretenait ses partisans de cette commune du Mono sur les réalisations de Patrice Talon. L’occasion pour le ministre des Finances Romuald Wadagni d’égrener toute une liste de classement qui place le Bénin comme un pays bien géré, un pays de transparence budgétaire sur la planète, un pays où tout va bien pour le meilleur du monde. « Quand on dit que le Bénin est de plus en plus respecté, c’est pas que des paroles. Je vous donne deux exemples pour vous montrer comment on est respecté. Il y a juste quelques jours quand les institutions internationales ont évalué la manière dont le budget de l’État, la manière dont l’argent public est géré, on a regardé dans le monde entier, en Afrique, on a fait le classement des pays qui parle français, le Bénin a été classé 1er. Premier y compris les grands pays de l’Europe, je ne veux pas les citer », déclare fièrement Romuald Wadagni qui n’a pas été capable depuis 8 ans qu’il occupe ce poste de dire aux Béninois le salaire qu’il gagne à la fin du mois de même que celui de ses collègues du gouvernement et le salaire du président de la République, malgré la demande faite par la Cour constitutionnelle. Alors qu’il y a quelques jours, le bulletin de paie du président français Emmanuel Macron était téléchargeable sur la plateforme du ministère des finances, donc connu de tous. Wadagni parle de transparence budgétaire alors même que personne ne sait comment sont passés les marchés publics. Ce jeune ministre qui a encore du chemin devant lui devrait avoir froid aux yeux en regardant ses parents et dire de si gros mensonges pour couvrir une gestion aussi opaque des finances publiques. Parlant de transparence, Wadagni aurait pu dire aux Béninois combien a coûté cette tournée gouvernementale au contribuable. En l’écoutant, on se demande si c’est du Bénin 229 que parle ce monsieur où d’un autre Bénin qui serait différent de celui dans lequel nous vivons et voyons tous ? Romuald Wadagni a mal choisi son exemple car la gouvernance de Patrice Talon bat tous les records d’opacité depuis 1960. Des cas de corruption, de détournement de deniers publics par les partisans du chef de l’État sont restés sans suite à ce jour. Plus loin il dira: « … c’est quand on est respecté comme ça, les gens ont envie de venir mettre leur argent ici, ils ont envie d’amener des usines…. ». Wadagni n’a pas le courage de dire combien d’investisseurs sont déjà venus après la tournée en Europe, en Asie et en Amérique du Sud de Patrice Talon. Quel investisseur sérieux viendra mettre son argent dans un pays dont la justice est soumise à la volonté d’un seul individu? Quel investisseur sérieux viendra mettre son argent dans un pays où le président de la République est en conflit d’intérêt avec l’Etat? Wadagni dans ses fantasmes parle d’un pays qui est dans sa tête et non le Bénin dans lequel les masses laborieuses sont maltraitées et malmenées par l’exécutif. Il ne parle pas de ce pays où les marches pacifiques des syndicalistes contres la cherté de la vie ont été violemment réprimées. Il est vraiment déconnecté de la réalité du quotidien des béninois.
Abdoul DRAMANE
