Pour ce qu’il démontre à la tête du Bénin depuis son avènement au pouvoir, le Président Patrice Talon est connu pour être un homme de ce qu’il appelle lui-même » Aguidi », c’est à dire une brutalité qui se fout de toute orthodoxie, une brutalité qui tutoie la trivialité et parfois le banditisme. Quand il veut quelque chose, rien ne doit l’en empêcher, rien et absolument rien, peu importent la méthode et les moyens. Les lois et les normes n’ont pour lui de sens, pour être respectées, que quand elles sont conformes à sa volonté, ses désirs personnels et, bien parfois, ses frasques et ses caprices.
A y voir de près, et au regard de ce qu’on connait désormais du dossier Frère Hounvi, le pouvoir de la rupture est, sans doute, dans un scénario Aguidi. Sinon, comment aller nuitamment enlever un exilé en terre étrangère sans aucune procédure, comme le ferait un vulgaire terroriste dans une prise d’otage. Pour ceux qui en doute encore, nous sommes bel et bien au Bénin dans un « État voyou ».
*Et pour cause !*
Pour le candidat Patrice Talon, un État voyou est un État qui ne respecte pas les décisions de justice. De façon classique et par définition, un État voyou est un État qui ne respecte pas les lois internationales les plus élémentaires, ou qui viole de manière systématique les droits de l’être humain. Le pouvoir de la rupture, pour s’être Illustré, en violation de tous les instruments normatifs internationaux, dans ce qui est unanimement reconnu comme l’enlèvement en territoire togolais du compatriote Steeve Amoussou Alias frère Hounvi- ne peut se défendre d’être taxé d’État hors la loi, sans foi ni loi…
Précisément dans l’interpellation d’un prévenu qui plus est, se trouve en territoire étranger, donc en-dehors de la portée de la puissance publique locale, que dit la loi et qu’est-ce qu’il a fait, le gouvernement de notre pays ? Dans une opération hollywoodienne, le gouvernement du Président Patrice Talon est allé commettre en territoire étranger et en flagrant délit, une infraction criminelle, selon les mots de l’avocat Renaud Agbodjo, pour prétendre réprimer une autre infraction.
Ce faisant, le régime du Nouveau Départ dont on connaît la propension à l’arbitraire et à l’abus de force, s’est mépris de toutes les normes et exigences réglementaires pour accabler une fois encore l’image du Bénin à la face du monde.
Le Député Éric Houndété Premier Vice-Président du Parti Les Démocrates vient d’interpeller le gouvernement devant la représentation nationale à travers une question d’actualité dont voici l’intégralité.
Porto-Novo, le 19 Août 2024
*QUESTIONS AU GOUVERNEMENT*
*(Question d’Actualité : Art. 110 RI-AN)*
Dans une opération commando, le compatriote Steeve AMOUSSOU, Frère HOUNVI de son nom de chroniqueur, a été enlevé en terre togolaise, dans la nuit du lundi 12 Août 2024, dans un faubourg de Lomé.
Des différents recoupements, ce kidnapping aurait été conjointement mené par les services de renseignements et la police républicaine du Bénin, sans aucune collaboration avec les autorités togolaises, en violation flagrante de toutes procédures judiciaires et des exigences réglementaires.
Ce faisant, le pouvoir de la Rupture s’est une fois encore illustré dans un scénario à la western, à travers un acte à fort relent d’incident diplomatique, entre le Bénin et notre voisin de l’Ouest.
Steeve AMOUSSOU, Chroniqueur et activiste politique béninois, était en exil politique depuis 2019.
Cet acte du gouvernement, au regard des instruments normatifs internationalement reconnus en la matière, suscite des inquiétudes et de graves interrogations.
En vertu des dispositions de l’article 110 du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale, le Gouvernement est appelé à fournir des explications à la Représentation nationale, suivant le questionnaire ci-après :
1- Les autorités de la République sœur du Togo ont-elles été informées et/ou associées à ce Kidnapping du compatriote Steeve Amoussou, sinon pourquoi ?
2- Alors que le Benin gère difficilement les conséquences des relations devenues exécrables avec nos voisins du Niger et du Burkina, cet acte constitutif d’incident diplomatique majeur ne mettrait-il pas en péril les relations entre le Bénin et le Togo ?
3- Quels sont les fondements juridiques de cet acte perpétré par le pouvoir de la rupture en allant enlever nuitamment en terre étrangère un compatriote ?
4- Si tant est que la justice du pays a des motifs d’accusation valables contre le compatriote Steeve Amoussou, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas pris l’option d’une procédure régulière suivant les instruments juridiques internationaux ?
5- Quelle image du Bénin le gouvernement projette-t-il à la face du monde en allant délibérément violer la franchise et la sécurité intérieure d’un état souverain ?
*Dieu-Donné Tékon*