Hier jeudi 1er août, le Bénin commémorait le 64 ème anniversaire de son indépendance. Cette manifestation s’est déroulée dans l’indifférence totale des Béninois comme c’est le cas d’ailleurs depuis 2016. Et ceci pour cause. Aujourd’hui les Béninois ploient sous le poids de la cherté des produits de grande consommation. Malgré leur cri de cœur, le gouvernement de la rupture est incapable de prendre des mesures fortes pour juguler la crise et se contente de claironner que « le Bénin n’est pas le seul dans le cas ». Mais fait semblant d’oublier que dans les autres pays, les gouvernements ont pris des mesures fortes. Quid du Bénin? A cette difficulté de s’offrir deux repas chauds par jour, les béninois doivent faire face à de nombreuses taxes créées par le gouvernement de la rupture, sans oublier les licenciements sauvages suite au bradage des sociétés d’Etat qui pourtant prospéraient. Aussi faut-il passer sous silence les tensions politiques couronnées par les détenus politiques que des voix s’élèvent de plus en plus pour exiger leur libération. Ce tableau sombre pousse alors les béninois à la résignation attendant 2026 pour pour prendre leur revanche.
Soglo et Yayi absents
Les manifestations commémoratives de la fête de l’indépendance auraient pu avoir un cachet s’il avait dans la tribune officielle certaines autorités
politiques qui avaient exercé le pouvoir d’État. Mais pendant toute la cérémonie marquée par la parade mili-
taire et paramilitaire, les populations béninoises sont restées sur leur faim. Elles ont promené en vain leur regard dans la tribune officielle sans avoir découvert des yeux les anciens présidents Nicéphore Soglo et Yayi Boni. Les quelques membres de l’opposition aperçus peuvent être comptés au bout des doigts. Eric Houndété et Nourénou Atchadé (en service minimum). Des absences importantes qui ont complètement gâ-
ché la fête si s’en était vraiment une. Si on peut comprendre le boycott systématique du reste des députés de la gauche béninoise, on devrait tout au moins voir aux côtés du président Patrice Talon, ses prédécesseurs, notamment les anciens chefs d’État Nicéphore Soglo et Yayi Boni. Ceci, parce que depuis un moment, on a senti un petit rapprochement entre l’actuel locataire de la Marina et ceux qui l’ont devancé dans l’exercice de la fonction présidentielle. Pour avoir entrepris une médiation dans le dossier de pipeline Bénin-Niger, les anciens présidents Nicéphore Soglo et Yayi Boni ont montré que pour les questions d’intérêt national, ils sont prêts à faire le sacrifice nécessaire, à mettre de côté les querelles politiques, pour réaliser l’union sacrée.
Mais dans le cadre de la célébration du 64ème anniversaire de l’indépendance du Bénin, cette solidarité nationale ne s’est pas manifestée. On gardera longtemps dans les archives nationales que l’édition 2024 des manifestations commémoratives du 1er août ont vu l’absence de ces deux grands chefs d’État qui ont servi le pays dans les règles strictes des acquis de la démocratie béninoise. Nul doute que
le président Patrice Talon a tenté de les convaincre, encore que dans la tribune officielle, il n’y a aucun invité
de marque. La faute sans doute à l’appel au boycott de l’opposition et les forces vives, lancé à la veille de cette fête par l’ambassadeur Omar Arouna. Un mot d’ordre largement suivi, puisque les manifestations officielles de la célébration de ce 64ème anniversaire de l’indépendance du Bénin ont été orphelines de la classe politique de l’opposition représentée par 28 députés à l’Assemblée nationale. Preuve que les populations, à travers ces 28 députés et, dans une certaine mesure, les anciens présidents Nicéphore Soglo et Yayi Boni, n’approuvent pas le mode de gouvernance actuel dans le pays et incarnée par le président Patrice Talon.
La brutalité des décisions gouvernementales
Une gouvernance par embuscade et catastrophique, brutale, anti-sociale basée sur la division et l’exclusion et qui ne peu jamais conduire à la cohésion nationale et la stabilité politique. À la veille de cette célébration, le parti LD a enfourché la même trompette que l’ambassadeur
Omar Arouna en exigeant la libération des détenus politiques en l’occurrence,
Joël Aïvo et Reckya Madougou et le retour de tous les exilés politiques. Un appel qui restera vain puisque la grâce présidentielle longtemps attendue de Patrice Talon restera sans suite. La prise en otage des institutions de la République , la liberté d’expression et
autres sont autant de griefs de l’opposition contre le régime actuel. Ce qui explique son absence au
défilé de ce 1er août à la place Amazone. Ceci, pour dénoncer la gouvernance du président Patrice Talon.
Le 64ème anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté nationale célébré ce jeudi 1er août 2024 a laissé un arrière-goût très amer, du fait de l’absence des anciens chefs d’État Nicéphore Soglo et Yayi Boni ainsi que de l’opposition aux manifestations officielles.
Une célébration dans l’indifférence totale des béninois, une manifestation vite oubliée parce que sans goût ni saveur et donc sans grande attraction. Les signes évidents d’une fin de mandat apocalyptique pour le régime dit de la rupture.
F. A.