Bénin/Interdiction de prendre des passagers nigériens: La limite à ne pas franchir

La crise entre le Bénin et le Niger ne cesse de s’envenimer. Hormis la guerre de communication par médias interposés observée ces derniers jours; les conducteurs de véhicules de transports interurbains de la partie septentrionale du Bénin donnent l’alerte d’une interdiction de transporter des passagers nigériens. Selon un enregistrement audio circulant dans les réseaux sociaux, le commissariat de Malanville, (ville frontalière du Niger), aurait arraisonné des véhicules au motif que ces derniers transportaient des nigériens. Si cette information se confirmait, ce serait franchir le rubicon, le sommet de la bêtise. Car la réplique à une telle décision va sans doute mettre en péril le vivre ensemble qui a toujours caractérisé les deux peuples. Et les conséquences seront bien dommageables et pour le Bénin et pour le Niger dont les populations sont mélangées entre elles surtout celles des communes frontalières de part et d’autre. Les autorités béninoises doivent éviter d’en arriver à une telle extrémité. Il ne servirait à rien de jeter l’huile sur le feu. Déjà que les transporteurs béninois ne sont plus la bienvenue sur le territoire nigérien. L’idéal reste et demeure la voix diplomatique pour régler ce différend. Il faut donc laisser les choses se faire au lieu de vouloir que la frontière du Niger s’ouvre au claquement de doigts de la partie béninoise. Le vouloir ainsi, c’est montrer ses limites en matière de diplomatie car le Niger reste un pays souverain et non un un département encore moins un quartier du Bénin où on peut envoyer des militaires pour dégager les barrières. La diplomatie a son langage et son temps. On ne dit jamais « ici et maintenant ». Malheureusement, c’est l’impression que l’on a, quand suit Patrice Talon. Si on s’accorde avec Lionel Groulx lorsqu’il affirme que « la diplomatie est l’arme des faibles », il est donc évident que le Bénin n’a d’autres moyens que celle-ci pour amener le Niger à ouvrir sa frontière. Aucune force que de négocier et cela prendra le temps qu’il faut.

F.A.