Depuis quelques mois, le Bénin traverse une crise sociale jamais vécue après la tenue de la Conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. La cherté de la vie fait saigner les portes-monnaies et malgré les alertes, les prix des denrées de première nécessité ne font que flamber. La mesure (1Kg) du maïs est à 500 FCFA, le gari à 600 FCFA, l’haricot à 800 et même le piment vert est touché par la crise car seulement trois (03) pièces sont vendus à 100 FCFA dans les marchés. La tomate quant à elle est devenue un condiment qu’on ne peut seulement trouver que dans les cuisines des riches. L’huile d’arrachide et l’huile rouge sont respectivement à 950 FCFA et 800 FCFA le litre.
Le litre d’essence kpayo est à 700 FCFA à Cotonou, Calavi, Lalo, Azivè, Hlassamè, Klouékanmè et Djakotomey, à 750 FCFA à Parakou, à 650 à Zinvié, à 800 FCFA à Sinendé, Tangiéta et Kérou, à 1.200 FCFA et à Bantè. A la station, l’essence est à 680 FCFA . Bref, l’essence qui est vendue à 275 FCFA le litre en 2015 est devenue une denrée rare très chère sous le régime de la rupture qui a pourtant promis du «social guidjooo». Les langues se délient, critiquent, dénoncent et crient leurs ras-le-bol. Mais le gouvernement reste insensé, inactif et surtout sourd aux interpellations face à la morosité doublée d’une cherté de la vie jamais connue depuis plus de 20 ans au Bénin. Le samedi 27 Avril 2024, quatre Centrales et confédérations syndicales ont organisé une marche pacifique pour dénoncer cette crise sociale, mais la marche a été sauvagement réprimée par la police, plus d’une vingtaine de manifestants ont été arrêtés dont trois secrétaires généraux.
Au marché d’Akassato dans la commune d’Abomey-Calavi, dame Brigitte venue faire ses emplettes, le visage froissé, les yeux fumant, se larmante car les 2.000 FCFA qu’elle a apporté au marché ne pourront lui permettre de faire la sauce pour sa famille de 4 personnes. «Nous sommes même fatigués. C’est à croire qu’on nous pousse au suicide ou à quitter ce pays. Les choses coûtent trop chères. Je ne peux même pas vous dire comment mon mari et moi avions fait pour trouver ces 2.000 FCFA. Et c’est ainsi tous les jours. Qu’est-ce qui nous arrive au Bénin ?», se plaint -elle. La situation est plus critique chez la famille Dagboto. En effet, croisée à Calavi Tokpa, un marché situé à Kpota dans la commune d’Abomey-Calavi, Sènami, épouse Dagboto, mère d’un garçon de trois ans n’avait que 1.000 FCFA pour ses emplettes. Seulement, les condiments sont trop chers l’obligeant à rébourser chemin. «J’ai de la farine de maïs à la maison. Mais je n’ai pas de charbon pour faire le feu et les 1.000 FCFA que j’ai sur moi ne pourront suffir pour acheter les condiments, payer du charbon et avoir la monnaie pour le petit déjeuné de mon garçon qui va à l’école demain. Nous sommes obligés de manger l’akassa comme hier et avant hier.». «L’essence coûte chère depuis un moment. Et quand l’essence est chère, les taximen qui nous transportent les marchandises augmentent leur prix. Ce qui nous obligent aussi à augmenter les prix de nos produits, si non, nous allons fermer nos boutiques. J’ai souvent pitié des femmes en voyant leurs peines lorsqu’on leur dit le prix des produits. Mais que peut-on faire ? C’est le marché.», explique Sylvie, une bonne dame du marché de Godomey, vendeuse de légumes. «Moi je suis venu acheter seulement le sac de 5Kg de riz. Mais j’ai vu une vendeuse et sa cliente qui ont failli s’échanger des coups de poings tout à l’heure car, la cliente ne comprenait pas pourquoi les prix ont monté si haut en espace de quelques jours. Les femmes ont dû les séparer. C’est la preuve que la situation est vraiment critique au Bénin et les autorités doivent agir très vite avant que le pire n’arrive.», soutient Firmin Sèwanou Fagla, un fonctionnaire d’État rencontré au marché de Minnontin, à Cotonou.
Face à cette situation, le gpuvernement béninois est resté silencieux et surtout allergique à toutes critiques et manifestations populaires qui sont d’ailleurs interdites et réprimées. Aucune mesure n’est annoncée pour juguler la crise alors que le pannier de la ménagère se vide au jour le jour, dans le peu de foyer où il existe encore.
CPO